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Pourquoi les femmes seniors actives sont des aidantes à part

Pourquoi les femmes seniors actives sont des aidantes à part
Crée le : · Mis à jour le : 22/10/2021 10:54:09 · Temps de lecture :
4 minutes

Soutenant un proche en perte d’autonomie ainsi que leurs enfants et jeunes petits-enfants, conciliant vie professionnelle et obligations familiales : de 55 ans au départ en retraite, les femmes sont le “pivot” des solidarités. Au prix de certains sacrifices sur leur travail et leur bien-être...

Pas encore retraitée, mais déjà grand-mères. Actives et aidantes d'un proche en perte d’autonomie. Passé 55 ans, les femmes aidantes sont au carrefour de toutes les solidarités. Avec, sur leurs épaules, de lourdes responsabilités qui peuvent peser sur leur santé morale et physique. Zoom sur “les plus aidantes des aidantes”.

1. C’est la population la plus “aidante” qui soit

Entre 55 et 64 ans : c’est à ce moment-là de leur vie que les femmes ont la plus forte probabilité de devenir aidantes. En effet, près d’une femme sur trois âgée de cette tranche d’âge aide régulièrement un proche, soit :

  • 1,1 million de femmes concernées
  • qui représentent 13 % du total des proches aidants

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Femme et senior : un cumul des raisons d’aider

Ces chiffres sont impressionnants, mais ils s’expliquent aisément. À partir de 55 ans, on est confronté à l’avancée en âge de ses parents, voire de son conjoint, ce qui nous amène à leur apporter une aide plus ou moins importante et régulière.

D’autre part, ce sont bien les femmes qui sont le plus souvent en première ligne lorsqu’il s’agit d’organiser et d’assurer l’aide à un proche : toutes tranches d’âge confondues, elles représentent 57 % des 8,3 millions de proches aidants recensés en France.

Des femmes plus souvent seules à aider

Plus impliquées dans l’aide à un proche, moins souvent en couple que les hommes au même âge, les femmes seniors sont par conséquent plus souvent seules aidantes. Elles sont ainsi 19 % à déclarer ne pas pouvoir compter sur d’autres personnes en cas d’indisponibilité.

Le fait de ne pas pouvoir être remplacées en cas de besoin augmente le poids de leur responsabilité et limite les possibilités de répit.

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2. C’est le moment où elles doivent “jongler” entre le travail, l’aide et les responsabilités familiales

À cela s’ajoute le fait que, d’après l’Insee, les femmes seniors sont encore très nombreuses à exercer un emploi (59,4 % des femmes entre 50 et 64 ans). Mais, dès lors qu’elles sont aidantes, cette proportion chute à 37 %. L’explication ? Alors que chez les hommes le fait d’être encore en activité semble être associé à une moindre implication dans l’aide à un proche, ce sont les femmes qui sont amenées à cesser de travailler… ou à s’arranger pour tout mener de front.

Temps partiel, horaires aménagés, changement de poste…

On constate en effet que, de 55 à 64 ans, les femmes aidantes :

  • demandent deux fois plus souvent que les hommes une réduction de leur temps de travail (54 % contre 29 %)
  • changent plus souvent les horaires (67 % contre 55 %) et la nature de leur travail (18 % contre 13 %)
  • sont enfin deux fois plus nombreuses à changer d’employeur (10 % contre 4 %)

A l’inverse, les hommes dans la même situation ont plus recours à l’arrêt maladie ou au télétravail. C’est donc bien chez les aidantes que le cumul travail-aide est le plus fréquent.

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Un rôle majeur vis-à-vis des petits-enfants

La cinquantaine, c’est aussi l’âge où l’on devient grand-parent. Or en France, comme dans les pays du Nord de l’Europe, papis et (surtout) mamies jouent un grand rôle dans la garde des petits-enfants : entre 50 % et 60 % s’en occupent. Et souvent pour remplacer un mode de garde “formel” (assistante maternelle, crèche, école…) ou pour offrir un peu de souplesse aux parents : un petit Français sur 5 est gardé régulièrement par un ou des grands-parents en complément de ces modes de garde.

Cette responsabilité a beau être choisie librement (et même être un plaisir !), elle vient s’ajouter à l’emploi du temps déjà bien chargé des grands-mères encore actives et qui aident par ailleurs un proche en perte d’autonomie…

3. Elles supportent des conséquences physiques et morales

En résumé, les femmes seniors entre 55 et 64 ans deviennent le “pivot” des solidarités familiales, aidant tout à la fois leurs ascendants (père, mère), leurs contemporains (frère, soeur, conjoint)... et leurs descendants (enfants). Un rôle qui a des impacts non-négligeables sur leur bien-être et leur santé.

Une santé physique et morale fragilisée

Les aidantes de 55 à 64 ans sont systématiquement plus nombreuses que les aidants du même âge à :

  • avoir des problèmes de dos
  • se sentir dépressives, anxieuses, surmenées
  • se sentir parfois seules et moralement fatiguées
  • ressentir une fatigue physique
  • présenter des troubles du sommeil
  • ressentir des palpitations ou de la tachycardie

Au total, 6 femmes de cette tranche d'âge sur 10 sont concernées par au moins l’un de ces 6 problèmes de santé, contre 43 % des hommes du même âge.

Avant la retraite : des années d’inquiétudes

Dernier facteur de fragilité pour ces femmes seniors : le départ à la retraite, les années qui précèdent cet évènement de vie sont souvent des périodes de questionnements, voire d’inquiétudes, liées à ce grand changement de vie qui se profile.

Dans le cadre d'une enquête de juin 2019 sur la vulnérabilité financière des aidants familiaux, réalisée par le pôle Recherche d'Audencia Business School en partenariat avec Malakoff Humanis, des aidants déjà à la retraite et des aidants de plus de 50 ans encore en activité ont été sondés sur leur perception de l’avenir et les impacts de l'aidance sur leur situation financière. Si les premiers à la retraite sont plutôt optimistes (59 % confiants en l’avenir), les seconds encore en activité sont seulement 42 % à l'être … et les femmes sont davantage inquietes que les hommes, à 63 % contre 50 %.

Une inquiétude qui découle du fait de connaître des difficultés que les pouvoirs publics ou les médias ne voient et n’abordent pas vraiment (71 % des aidants actifs le pensent) et d’être mal informés sur les conséquences de leur futur passage à la retraite (64 %).


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