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Après un cancer : 10 conseils pour reprendre le travail

Crée le : · Mis à jour le : 15/02/2024 15:41:56 · Temps de lecture :
5 minutes

Après des mois à lutter contre la maladie, le retour au travail se profile ? Renouer avec ses collègues, son manager, passer à temps partiel… pour surmonter la fatigue et le stress, 10 conseils pour bien vivre son retour au travail après un cancer

Après plusieurs mois d’arrêt, pour vous soigner et vous battre contre le cancer, vous êtes prêt à envisager un retour au travail ? Ou votre proche atteint d’un cancer et dont vous êtes l’aidant, se sent prêt ? Quelle bonne nouvelle ! Refermer la parenthèse d’un arrêt maladie d’aussi longue durée (généralement 6 mois à 1 an dans le cas d’un cancer) ne s’improvise toutefois pas. Il faut bien s’y préparer, anticiper les difficultés, et faire les meilleurs choix pour une reprise du travail en douceur après le cancer.

À lire aussi : Aidant : qu’attend de vous un proche atteint du cancer ?

Retour au travail après une maladie : quels défis vous attendent ?

Les défis physiques

La fatigue

Les traitements du cancer (chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie…) sont lourds et toxiques pour l’organisme. Ils occasionnent donc une forte fatigue, et ce même des semaines voire des mois après la fin des traitements. 

Au moment de revenir travailler, vous (ou votre proche) pouvez donc vous fatiguer rapidement, et avoir du mal à « tenir » et à « enchaîner » des journées de travail complètes. C’est tout à fait normal, et vous devez vous y préparer.

La mémoire et la concentration

Les traitement comme la chimiothérapie ont aussi d’autres conséquences : 

  • troubles de la mémoire, 
  • difficultés de concentration, 
  • troubles du sommeil. 

Vous pouvez alors vous retrouver dans un état que les médecins qualifient de « brouillard cognitif » ou brouillard cérébral. Transitoire, mais loin d’être idéal évidemment au travail…

Les séquelles physiques

Dans certains cas, enfin (par exemple en cas d’intervention chirurgicale), le cancer a occasionné des séquelles physiques, qui peuvent empêcher la poursuite d’un métier « physique ».

Les défis psychologiques

Des repères à reprendre

Après plusieurs mois loin du bureau et des collègues, revenir travailler s’apparente presque à un changement total de décor. Pendant votre absence (ou celle de votre proche) il y a sans doute eu des départs et des arrivées, une nouvelle organisation, de nouveaux outils et logiciels… 

Et si c’était seulement « la boîte » qui avait changé ! Une maladie comme le cancer vous change aussi, vous : nouvelle façon de voir la vie, les priorités, la place du travail dans tout cela… Bref : le côté familier du « retour à la normale » peut être trompeur… voire déceptif. Et il faut donc aussi en être conscient.

La crainte du regard des autres

Le cancer, cet inconnu. Les idées reçues sur cette maladie ont la vie (très) dure, et ce sont les malades en rémission qui en font notamment les frais, avec 1 Français sur 2 qui :

  • pense (à tort) qu’on ne peut plus travailler comme avant après un cancer,
  • reconnaît que les personnes atteintes de cancers sont souvent mises à l’écart.

Résultat ? Vous allez peut-être revenir travailler avec la crainte (pas totalement injustifiée) du regard des autres. Qu’il soit apitoyé, négligent… Retrouver votre place et vous sentir parfaitement à l’aise n’arrivera pas du premier coup.

L’anxiété et le stress

Conséquence logique des deux constats qui précèdent : votre « rentrée » peut vous causer une certaine anxiété, voire du stress, au fur et à mesure qu’elle se rapproche. C’est bien compréhensible, mais vous devrez bien la surmonter le jour J.

Pour aller plus loin : Symptômes, activités « remèdes »… Tous nos conseils pour combattre le stress

10 conseils pour reprendre le travail en douceur

Pendant l’arrêt maladie : se remettre en forme, petit à petit

Il n’est pas question, bien sûr, de la période du plus fort des traitements. Dans ces instants, vous et votre proche êtes focalisés sur une chose : se battre contre le cancer. Mais en convalescence, et en fonction du rythme du malade, il est bon de remettre peu à peu en mouvement l’esprit et le corps !

1. Reprenez une activité physique

Doucement d’abord, et en commençant par des sports (très) doux : l’activité physique reste le meilleur moyen d’évacuer la fatigue des traitements, et de retrouver forme et moral. 

De quel sport parlons-nous ? De disciplines qui ne sollicitent pas trop durement les muscles et le cœur (du moins si on les pratique sans trop d’intensité)

A lire aussi : 9 activités physiques à essayer après 60 ans 

2. Stimulez votre esprit

Pour éviter ou limiter les tracas de mémoire et de concentration évoqués ci-dessus, plongez-vous dans des activités stimulantes intellectuellement, ludiques et bonnes pour la mémoire (sport cérébral, lecture, réalisation d’albums photos, etc.).

3. Regonflez votre moral

Excellentes pour la vivacité d’esprit, mais aussi pour le moral, les sorties culturelles (musée, théâtre, cinéma, concert) vous feront un bien fou, dès que votre état de fatigue le permettra.

Idem pour votre vie sociale : après une longue période « en vase clos » (avec votre conjoint et vos très proches), revoir ses amis constitue un « sas » parfait avant de replonger dans la vie active.

Reprendre le “pouls” de l’entreprise 

Revenir au boulot avant la « vraie » reprise ? Non, nous ne sommes pas fous (et nous ne vous conseillons certainement pas de contourner le droit du travail) ! Mais plutôt de reprendre contact avant de repasser officiellement les portes de l’entreprise. Le jour du retour sera d’autant moins impressionnant (et stressant) si vous l’avez bien préparé…

4. Renouez avec vos collègues…

Garder le lien avec les collègues, c’est un conseil valable à toutes les étapes de l’arrêt maladie. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire… Néanmoins, quelques temps avant de faire votre retour, cela en vaut la peine ! Pour redonner des nouvelles (et en prendre), vous remettre au courant et dans le bain… organisez donc un déjeuner avec vos meilleurs collègues.

5. Discutez avec votre manager

Une réunion informelle avec votre « chef » avant de reprendre le collier, c’est l’occasion : 

  • d’évoquer de vive voix votre état de forme,
  • de parler des éventuels aménagements que vous comptez demander (et auxquels vous avez droit),
  • de savoir aussi ce qu’il ou elle attend de vous.

Même si votre retour est « protégé » (et heureusement !), cette discussion permet un échange à un autre niveau que le juridique ou administratif, et de bien faire comprendre les contraintes que vous impose votre état de forme.

BON À SAVOIR :

Le rendez-vous de liaison, pour maintenir un lien avec votre employeur
La loi du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail a créé un nouveau rendez-vous entre l’employeur et le salarié en arrêt de travail long (plus de 30 jours) : le rendez-vous de liaison.
Initié à la demande de l’entreprise ou du salarié (ce dernier peut le refuser sans conséquence), il vise à maintenir le contact entre vous et votre employeur pendant l’arrêt de travail, et à vous informer sur :
- les actions de prévention de la désinsertion professionnelle (formation, reclassement …) dont vous pouvez bénéficier,
- la possibilité d'un rendez-vous de pré-reprise,
- les mesures d'aménagement du poste et/ou du temps de travail.

En savoir plus sur le rendez-vous de liaison

Organisez votre période de reprise

6. Repoussez votre rentrée si nécessaire

Pas totalement prêt(e) à reprendre ? Pas de souci : vous pouvez prolonger votre arrêt de travail en demandant à votre cancérologue ou votre médecin traitant de vous prescrire un temps de convalescence. 

7. Faites-vous accompagner par la médecine du travail

Toujours sur ce volet médical, demandez dès que possible une visite de pré-reprise avec le médecin du travail

et un assistant social. L’objectif de cette visite ?

  • mettre le doigt sur les difficultés auxquelles vous pouvez vous attendre,
  • mettre au point les adaptations qui seront nécessaires : sur le temps de travail, le poste de travail ou même le métier qui vous correspondra mieux.

BON À SAVOIR :

La visite médicale : une obligation

Vous reprenez le travail ? La visite médicale est obligatoire, au plus tard dans un délai de 8 jours après votre reprise effective.

8. Sollicitez les ressources humaines

Ce n’est pas une obligation, mais vous auriez tort de vous en priver : les ressources humaines doivent être à votre écoute, et vous proposer un contexte de travail adapté s’il s’avère que vous ne pouvez (ou voulez) pas reprendre votre ancien poste tel quel. Il peut s’agir :

  • d’une « simple » adaptation ergonomique de votre poste de travail,
  • d’une formation, d’un bilan de compétences, d’une remise à niveau… pour changer si c’est nécessaire et souhaité,
  • d’une nouvelle organisation de votre temps de travail, ponctuelle ou pérenne.

Repensez votre temps de travail

9. Optez pour un temps partiel

Même si les traitements sont derrière vous, leurs effets secondaires (la fatigue en premier lieu) ne se sont pas forcément totalement estompés. C’est pourquoi on conseille de reprendre le travail de façon progressive, en profitant notamment d’un temps partiel thérapeutique.

Le temps partiel thérapeutique ? C’est un aménagement : 

  • de 50% à 80% du temps plein,
  • prescrit par votre médecin traitant ou votre oncologue,
  • soumis à l’accord préalable du médecin-conseil de l’Assurance Maladie.

Si le temps partiel thérapeutique est accordé, c’est le médecin du travail qui va l’organiser concrètement avec l’employeur. 


Pour aller plus loin : Comment faire sa demande de temps partiel thérapeutique ?

BON A SAVOIR :

Temps partiel thérapeutique : et après ?

L’avantage de ce temps partiel thérapeutique ? Le versement d'indemnités journalières qui compensent la perte de salaire par rapport à un temps plein. Mais dans le secteur privé, il ne peut pas durer plus d’un an. Au bout d’un an, vous n’êtes pas en mesure de passer à temps plein ? Votre médecin traitant peut alors demander votre mise en invalidité auprès de la Sécurité Sociale, qui vous permettra d’obtenir une pension.

En savoir plus sur les conditions de mise en invalidité

10. Vivez sereinement votre reprise à temps plein

Vous êtes capable de reprendre le travail “comme avant”, à plein temps ? Sachez que vous le vivrez d’autant mieux si vous êtes suivi(e) par votre médecin du travail. Sollicité au préalable par votre médecin traitant, le médecin du travail vous rendra visite régulièrement pour procéder à des réajustements si c’est nécessaire. 

BON À SAVOIR :

Temps plein : vous pouvez faire machine arrière

Vous avez repris à 100% ? Cette décision n’est pas irrévocable : si c’était prématuré ou trop difficile, vous pouvez revenir sur votre décision dans les 6 mois qui suivent votre reprise.


Pour en savoir plus