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Nutrition : astuces et conseils pour aider son proche à mieux manger

Nutrition : astuces et conseils pour aider son proche à mieux manger
Crée le : · Mis à jour le : 25/08/2023 11:01:48 · Temps de lecture :
2 minutes

« Ma mère, grand-mère, picore. Elle ne finit aucun de ses repas. Et je la vois maigrir à vue d’œil. Que faire ? » A tout âge, se nourrir revêt un caractère symbolique, assorti d’enjeux affectifs forts. De la naissance, avec les mères qui culpabilisent quand leur enfant ne prend pas bien le sein, à la toute fin de vie, quand les personnes cessent de s’alimenter. Voir un parent manger moins qu’avant inquiète, forcément. D’autant que malgré les idées reçues, les personnes âgées conservent des besoins nutritionnels importants. Dans cet article, vous trouverez informations, conseils et astuces pour aider votre proche à retrouver le plaisir de manger.

Comprendre les causes

Votre proche semble avoir perdu l’appétit : face à son assiette, il picore, hésite, et sort parfois de table sans avoir rien avalé. Il paraît avoir maigri, vous le trouvez fatigué : de quoi vous inquiéter.

Avant de s’alarmer, il convient de chercher les causes de ce manque d’appétit.

Parmi les possibilités :

  • Des problèmes de vue, qui gênent la personne et ne lui permettent pas toujours de savoir ce qu’elle a dans son assiette ;
  • Une altération du goût et de l’odorat, fréquente avec l’âge ;
  • Un souci bucco-dentaire : une dent qui fait mal, une prothèse dentaire mal ajustée…
  • Des troubles de la déglutition : ayant peur de la fausse route, d’avaler de travers, la personne réduit ses prises alimentaires ;
  • Des troubles gastriques ou intestinaux ;
  • Un état dépressif ;
  • Des troubles cognitifs, qui n’ont pas de conséquence sur l’envie de manger : simplement, la personne peut oublier de prendre ses repas ou ne plus savoir comment utiliser les couverts ;
  • Des difficultés pour cuisiner ou aller faire ses courses ;
  • L’isolement si votre proche vit seul ;
  • Des traitements médicamenteux qui impactent la sensation de faim, diminuent la sécrétion salivaire ou affectent la vigilance ;
  • Une maladie neurodégénérative.

« Comme la gériatrie serait trop facile si elle était simple, le déficit alimentaire sera presque toujours d’origine multifactorielle », précise le gériatre Bernard Pradines.

Il y aura donc sans doute plusieurs difficultés à régler, mais une visite chez le médecin ou le dentiste permettra de remédier facilement à certaines d’entre elles.

6 astuces pour aider votre proche à retrouver le plaisir de manger

Mobiliser les cinq sens

En cas de basse vision, de goût ou d’odorat altéré, vous pouvez compenser. Selon les préférences de votre proche, utilisez des épices, relevez les plats à l’aide de beurre salé et de moutarde, de citron et de vinaigre, d’herbes, d’aromates…

Pour la vue, cuisinez des aliments aux couleurs variées et soignez le dressage des assiettes : de quoi donner l’eau à la bouche.

Astuce : pour vous glisser dans la peau de votre proche, vous pouvez télécharger l’application Eye View, développée par la Fédération des aveugles de France. Grâce à la réalité augmentée, elle simule les conséquences des principales maladies de l’œil (DMLA, glaucome, cataracte…) : vous voyez ce que votre proche voit, par l’intermédiaire de la caméra de votre téléphone.
L’application est disponible pour les téléphones et tablettes Apple et Android.

Des accessoires pour manger plus facilement

Avec l’âge, en raison d’une maladie, les gestes peuvent se faire plus difficiles ou moins sûrs. Des accessoires spécialisés peuvent pallier ces difficultés : assiettes à ventouses pour éviter qu’elles ne glissent et se renversent, couverts adaptés, verres à bec…

Efficaces, ils peuvent toutefois être perçus comme stigmatisants, mais il est possible de dénicher des alternatives dans les boutiques d’art de la table.

Des sets de table anti-dérapants apporteront stabilité aux assiettes, des verres incassables, un peu lourds et à large pied, limiteront les accidents, et un Opinel peut parfaitement être utilisé par les personnes en proie à des difficultés de préhension avec son manche large et rond, explique Aline Williot, ergothérapeute à l’hôpital Georges Clemenceau (91).

Risque de fausse route : faut-il mixer les aliments ?

Les problèmes bucco-dentaires, les troubles cognitifs, les troubles de la déglutition augmentent le risque de fausse route. Par mesure de sécurité, par crainte de voir le convive âgé s’étouffer, de nombreux aidants et professionnels préfèrent mixer les aliments.

Seulement, ce n’est pas forcément une bonne idée, soulignent Yann Tannou et Xavier Cormary, orthophonistes et enseignants.

En effet, pour qu’une personne ne s’étouffe pas, elle doit voir, percevoir, ressentir la sensation de solide dans son larynx pour déglutir correctement. Le tout-mixé est donc délétère : les personnes fragilisées, désorientées perdent l’habitude de mastiquer, de saliver, d’avaler et de déglutir.

Avec pour conséquence une perte d’autonomie qui s’aggrave, sans compter le risque de dénutrition : les plats mixés sont rarement appétissants.

Varier les textures, la consistance des plats permet par ailleurs d’accroître le plaisir de manger. Si votre proche éprouve des difficultés pour mastiquer, vous pouvez mettre soupes, mousses de légumes, brandades et soufflés au menu.

Osez le manger main

Lors des soirées, des cocktails, manger sans couvert ne pose aucun problème : pourquoi ne pas adopter ce mode d’alimentation au quotidien ?

Les personnes qui souffrent de troubles cognitifs peuvent en effet oublier comment se servir d’un couteau ou d’une fourchette.

De nombreuses préparations peuvent être déclinées en bouchées, pour que votre proche puisse continuer à manger en toute autonomie.

Idées de bouchées salées : croque-monsieur, cakes salés, nems, samossas, quiches,
pizzas, toasts (pâté, rillettes de sardines, houmous), sandwichs, beignets de calamar, tartes aux légumes, saucisson, nuggets, mini-feuilletés, muffins salés, batônnets de légumes, de fromage...
Idées de bouchées sucrées :  pain d’épices, pain perdu, cakes sucrés, muffins, choux sucrés farcis (crème pâtissière, compote...), fruits secs, pâtes de fruits, brioches, biscuits secs,
gâteaux, crêpes sucrées, glaces, sorbets...


Télécharger le guide - Nos recettes pour manger main

Idées tirées du guide Manger mains – guide pratique pour une mise en œuvre à domicile (Instance régionale d’éducation et de promotion de la santé Bourgogne-Franche-Comté)

Et si l’appétit peine à revenir…

Une fois les problèmes physiologiques réglés, les menus adaptés, d’autres actions peuvent être entreprises pour ouvrir l’appétit de votre proche :

  • Prendre ses repas dans un environnement agréable et une atmosphère sereine, assis confortablement autour d’une jolie table.
  • Pratiquer une activité physique. Bouger creuse l’appétit, alors si c’est possible, prévoyez une balade, une course, un peu de jardinage… un peu avant l’heure du repas.
  • Recevoir : un repas de fête, une occasion conviviale en famille ou entre amis pourront stimuler l’appétit de votre proche.
  • Impliquer votre proche dans l’élaboration des menus et la préparation des repas.
  • Fractionner les repas, et prévoir plusieurs collations au cours de la journée.
  • Manger ensemble, face à face, pour activer les neurones miroirs.

Des pistes pour ne pas manger seul

En 2013, la chercheuse britannique Annalijn Conklin montrait que l’isolement engendrait chez les personnes âgées une diminution de l’alimentation. La variété des liens sociaux, par exemple, a un impact sur la quantité de fruits et légumes consommés.

Plus généralement, les personnes isolées tendent à moins manger : quand on vit seul, difficile de trouver la motivation pour cuisiner.

Si votre proche est dans cette situation, vous pouvez envisager avec lui de souscrire à un service de portage de repas. Il se fera livrer des plats équilibrés qu’il n’aura plus qu’à réchauffer, la semaine et le week-end.

Sinon, certaines villes ont ouvert des restaurants pour seniors, où les personnes isolées âgées de 60 ans et plus peuvent partager un déjeuner pour un tarif modique, comme à Toulouse. Renseignez-vous auprès de la mairie ou du CCAS (Centre communal d’action sociale), il en existe peut-être un près de chez votre proche.
Si malgré tous vos efforts les difficultés persistent, n’hésitez pas à demander conseil au médecin.


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