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Aidants et salariés : attention à la fuite des talents !

Aidants et salariés : attention à la fuite des talents !

Crée le : · Mis à jour le : 14/11/2024 20:25:00 · Temps de lecture :

4 minutes

Négliger les attentes de vos salariés aidants : danger ! Car lorsque concilier vie professionnelle et responsabilités d’aidants devient trop difficile, les “meilleurs” collaborateurs sont les premiers à partir… C’est l’une des conclusions de la dernière enquête de Malakoff-Humanis.

Aider, travailler : de plus en plus de Français doivent parvenir à concilier ces deux responsabilités. Parfois avec difficultés, parfois en favorisant l’une ou l’autre. Mais toujours avec le souci de trouver le meilleur point d’équilibre.

C’est cette balance que l’étude sur les aidants en emploi d’octobre 2020, réalisée à partir des enquêtes Elders de la Fondation Médéric Alzheimer pour Malakoff Humanis, a souhaité étudier. Pour mettre en lumière les impacts de cette double vie sur les salariés concernés, mais aussi sur leurs employeurs.

Aidants et salariés : halte aux clichés

Ils sont nombreux (et sans doute plus que vous le croyez)

11 millions de Français apportent de l’aide régulièrement à un proche en perte d’autonomie. 60% de ces aidants sont en emploi : c'est presque un actif sur 4 ! Autant dire qu’il ne s’agit pas d’un phénomène rare, mais d’une situation de plus en plus banale.

Mais dont on sous-estime grandement l’ampleur, pour de nombreuses raisons :

  • aider un parent, un(e) époux(se)... est une démarche tellement naturelle qu’on ne met pas de nom sur cette situation : très peu de personnes se déclarent “aidantes”, c’est simplement une responsabilité qui vient s’ajouter aux autres
  • cette situation est vue comme relevant de la sphère privée, et comme potentiellement dommageable dans la sphère professionnelle : 78 % des aidants ne parlent pas de leur situation à leur manager

Les salariés aidants en entreprise : invisibles, mais bien réels !


Télécharger le guide - concilier vie professionnelle et rôle d’aidant

Aider, travailler : ils ne choisissent pas !

Un (tout) petit moins présents au quotidien auprès de leur proche aidé, un (tout) petit moins actifs (3,2 tâches effectuées en moyenne contre 3,8 pour les aidants sans emploi) : les aidants qui travaillent ne sont pas des aidants au rabais ! Mais bien des personnes qui mènent deux activités de front.

Car contrairement aux idées reçues, ils ne sacrifient pas non plus leur job. Les aidants en emploi sont en effet seulement :

  • 24 % à avoir opté pour un temps partiel
  • 6 % à avoir réorganisé leur temps de travail (sans le réduire)
  • 13 % à avoir posé des congés pour s’occuper d’un proche.

Plutôt cadres et épanouis : des aidants performants

En majorité, les aidants sont plutôt des aidantes. C’est le cas notamment pour 6 aidants sans emploi sur 10. Mais pour les aidants qui travaillent, la proportion baisse : 53 % sont des femmes.

Et ces aidants en emploi sont dans des ménages plus aisés que la moyenne (26 % de revenu mensuel supérieur à 3800 € contre 17 % lorsque l’aidant est sans emploi). C’est somme toute logique : on devient aidant en moyenne vers 50 ans, âge auquel on a plus de chances d’occuper un poste à responsabilité… et si c’est le cas, d’avoir un(e) conjoint(e) aussi actif.

Enfin, ces aidants portent un regard largement positif sur leur double casquette. Au quotidien, leur métier peut être un poids supplémentaire et une source de stress alors qu’il faut se rendre disponible pour un proche. Mais il permet aussi de souffler et représente une vraie source de plaisir !

Conclusion ? Assidus, engagés et motivés : la performance de ces aidants en emploi est d’autant plus remarquable qu’au travail ils ne sont pas vraiment… aidés.

Entre stress et richesse : la situation des aidants au travail

Partir pour mieux aider un proche : un phénomène de fond

Tout est bien, donc ? Et bien… pas vraiment, lorsqu’on gratte un peu. Car si les aidants en emploi n’ont semble-t-il pas la moindre envie d’arrêter leur travail, ils sont nombreux à envisager d’en changer : 54% des aidants en emploi se disent “prêts à faire évoluer leur vie professionnelle”. Et 14% de nos sondés ont sauté le pas et sont allés voir ailleurs. Employeurs, managers, responsables RH… la vigilance s’impose !

Plus éduqués, plus mobiles : rencontre avec ces “switcheurs”

Notre enquête s’est intéressée à ces “switcheurs”, ces salariés qui ont décidé de quitter leur emploi pour un autre, plus adapté à leur statut d’aidant. Le résultat est surprenant…

 C’est davantage dans les grandes entreprises privées qu’on retrouve des switcheurs. Sans grande surprise, ils sont moins nombreux à opter pour une activité indépendante et “switchent” moins lorsqu’ils travaillent dans le public. Mais ce sont surtout les salariés les plus éduqués qui font ce choix : les titulaires d’un bac, d’un bac+2 et bac+3 sont surreprésentés chez les switcheurs…

En clair ? Dans les entreprises où concilier travail et aide d’un proche ne peut pas se faire dans des conditions satisfaisantes, ce sont les “meilleurs”, en tout cas les plus hauts potentiels, qui partent les premiers. Et ils n’hésitent pas à le faire au prix de quelques sacrifices :

  • précarité : ils sont plus nombreux (7 % contre 3 %) à accepter un CDD ou un interim (3 % contre 0,5 %)
  • éloignement : leur temps de trajet est plus long de 5 minutes que pour les non-switcheurs (32 minutes contre 27)
  • moindres responsabilités, avec légèrement moins de management chez les switcheurs (36 % contre 38 %)

Comment prévenir la fuite des talents ?

Pour les plus grandes entreprises, celles qui misent beaucoup sur la gestion des compétences de leurs collaborateurs, ce phénomène de “switch” de salariés à haut potentiel est préoccupant. Mais il n’est pas insoluble !

Car ce que nous montrent ces switcheurs, c’est qu’ils attendent de leur employeur des choses finalement assez simples :

  • du temps et de la souplesse : les switcheurs sont plus nombreux à télétravailler de temps en temps (39 %) que les autres (33 %)
  • de l’information, notamment sur la “politique aidant” de l’entreprise si elle existe : les switcheurs sont à 27 % dans des entreprises qui donnent spontanément (ou peuvent répondre) sur ce point, contre 21 % pour les non-switcheurs
  • de meilleures conditions… lorsqu’ils les trouvent : 21 % des aidants en emploi qui changent d’employeur depuis qu’ils sont aidants partent pour des entreprises ayant une politique aidants plus favorable.

Le télétravail, une solution pour les salariés aidants - Le comptoir de l'entreprise


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