

Moins “médical”, moins “bunkérisé”, et parfois même “à la carte” : l’EHPAD du futur fera davantage de place aux familles, au libre choix, au bien-être et même à… l’autonomie de ses habitants. Chiche ?
Des lieux adaptés, où nos aînés sont (médicalement) bien pris en charge… mais qui donnent assez peu envie : voici, de façon très résumée, l’image des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) dans l’inconscient collectif.
En seulement 20 ans (ils ont été officiellement créés et encadrés en 2002), les EHPAD ont donc réussi à offrir une solution pérenne à la question du grand âge et de la perte d’autonomie, mais trop rarement à créer des lieux de vie dans lesquels les personnes âgées et leurs proches se sentent bien. Cela n’a rien d’une fatalité ! La preuve, avec ces pistes de réflexion pour l’EHPAD de demain.
Bon à savoir
Les idées de cet article sont issues d’un copieux et passionnant exercice de prospective du think tank (groupe de réflexion) Matières Grises, soutenu par quelques-uns des plus grands acteurs du secteur des maisons de retraite (Korian, Domus Vi, Colisée…) : L’EHPAD du futur commence aujourd’hui.
En savoir plus
Les mots ont un sens, et “habiter” en maison de retraite plutôt qu’y être “hébergé”, cela signifie qu’une personne âgée va pouvoir :
Aujourd’hui, c’est ce dernier point qui pose le plus problème. La vie en maison de retraite médicalisée est organisée en fonction du planning des équipes de soin et d’accompagnement.
Or, si 90 % des Français souhaitent vieillir chez eux (d’après le Baromètre du Bien Vieillir de la Fondation Korian), se sentir “chez eux” revient pour 62 % d’entre eux à pouvoir décider de leur propre rythme de vie.
Pour qu’on se sente “chez soi” en maison de retraite, l’EHPAD de 2030 doit donc revoir complètement l’ordre de ses priorités :
Liberté d’aller et venir, liberté de recevoir ses proches lorsqu’ils le désirent… Ces droits sont d’ailleurs inscrits en toute lettre dans le cahier des charges que doivent respecter les EHPAD.
À LIRE AUSSI >Maisons de retraites “bouclées” en cas d'épidémie : nos conseils pour maintenir le lien
Dans chaque maison de retraite, un Conseil de la Vie Sociale (CVS) réunissant dirigeants de l’établissement, familles et habitants se réunit en moyenne 3 fois par an.
Mais il a peu de pouvoir, et son avis n’est que consultatif. Demain, il devrait permettre aux “clients” des EHPAD d’avoir voix au chapitre. Et plus généralement, lors de ces CVS comme lors de consultations épisodiques, l’avis des personnes âgées devra être plus systématiquement pris en compte pour :
Très fermé sur lui-même, l’EHPAD offrirait une meilleure qualité de vie à ses habitants s’il s’ouvrait sur son environnement. Les auteurs du rapport sur l’EHPAD du futur esquissent quelques pistes prometteuses, comme :
En devenant un lieu de convivialité et de services (au bénéfice de la population locale ET de ses habitants), l’EHPAD trouverait en quelque sorte sa place dans la Cité. Autant de pistes explorées par quelques établissements pionniers en la matière.
À LIRE AUSSI >Humanitude : le premier label de bientraitance des maisons de retraite
Bien sûr, l’importance de la mission de soin des EHPAD n’est pas à remettre en question. Le public accueilli dans ces maisons de retraite médicalisées est de plus en plus fragile : les GIR moyens pondérés (GMP) se montaient à 600 au début des années 2000, contre 726 en 2017. Et les personnes en GIR 1 à 4 représentent plus de 83 % de la population des EHPAD (57 % en 1998).
Pour autant, on ne vient pas habiter en EHPAD uniquement pour être soigné… mais pour y vivre, parfois un long moment :
Conséquence : conçus selon une logique très “hôpital”, les espaces des EHPAD vont devoir évoluer pour devenir de vrais lieux de vie.
EN SAVOIR PLUS > Comment évaluer la perte d'autonomie avec la grille AGGIR
20 m2 : c’est en moyenne la surface “privée” dont bénéficie une personne âgée en EHPAD. Une chambre, donc, qui se résume le plus souvent à un coin nuit, avec un lit trônant au centre de l’espace parce que c’est plus “pratique” pour les soins…
Demain, ces logements devront :
Même constat que dans les chambres : les espaces partagés des EHPAD sentent encore beaucoup l’hôpital. Ils sont commodes, utilitaires… et parfaitement impersonnels.
Comme le soulignent les experts interrogés dans le rapport de Matières Grises, rien ne ressemble plus à un EHPAD qu’un autre EHPAD ! Pour les rendre plus habitables, ces mêmes experts imaginent des EHPAD de demain :
Le maintien à domicile d’un côté, les maisons de retraite (EHPAD en tête) de l’autre : aujourd’hui, la frontière entre ces deux options restent trop étanche… même si les choses bougent, avec des gestionnaires d’EHPAD qui proposent désormais des services d’aide et/ou de soins à domicile. Une sorte d'EHPAD “hors les murs” qui a vocation à se développer.
À LIRE AUSSI > Chez lui, ou en maison de retraite ? Les clés pour choisir la meilleure solution pour votre proche
7 500 établissements, qui “maillent” efficacement le territoire (69 % des Français vivent à moins de 5 km d’un EHPAD) : les établissements pour personnes âgées dépendantes ont une vraie carte à jouer dans la lutte contre les déserts médicaux.
Demain, les EHPAD ont tous les atouts (proximité, personnel compétent, équipement matériel…) pour devenir aussi des maisons de santé pluridisciplinaires au service des personnes âgées… et des autres.
Soigner, mais aussi accueillir. Un EHPAD c’est aussi un espace capable :
Autant de pistes prometteuses pour faire des maisons de retraite des lieux bien ancrés dans la vie locale !