Insomnies, inversions jour/nuit, réveils fréquents : beaucoup de malades d’Alzheimer vivent des nuits agitées. Si les liens entre la maladie et les troubles du sommeil restent difficiles à expliquer, il existe toutefois des solutions pour améliorer la situation.
Pourquoi la maladie d’Alzheimer perturbe-t-elle autant le rythme jour/nuit ?
Malade ou non, le vieillissement cause des modifications du sommeil chez la plupart des personnes. Parmi les plus fréquentes, l’avance de phase : l’endormissement se produit plus tôt qu’auparavant… et forcément, le réveil survient lui aussi en décalé, autour de 5 heures du matin.
Jusqu’ici, rien de grave, car le sommeil reste réparateur.
Mais les maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer, touchent le système de régulation du sommeil, le thalamus. Ce qui peut entraîner des insomnies chroniques, c’est-à-dire des insomnies qui durent plus de trois mois, et qui perturbent la journée du lendemain.
En cas d’incontinence, ou d’apnée du sommeil (qui pourrait être liée à la maladie d’Alzheimer), les nuits en sont d’autant plus agitées : épuisant pour le malade comme pour celles et ceux qui partagent sa vie.

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Les troubles du sommeil les plus fréquents chez les patients Alzheimer
Les réveils fréquents la nuit, les insomnies peuvent conduire la personne malade à errer, désorientée, dans son logement, à déambuler… au détriment de sa qualité de vie et de celle de son aidant.
Autre phénomène très courant, le syndrome crépusculaire, ou syndrome du coucher du soleil. A l’approche de la tombée de la nuit, la personne malade est prise d’angoisse, s’agite, devient confuse, parfois agressive.
Cette angoisse bien particulière est probablement liée à un déficit en sérotonine : les personnes malades d’Alzheimer présentent en effet une dérégulation de la production de ce neurotransmetteur, impliqué dans la gestion des humeurs et associé à l'état de bonheur.
La perturbation du rythme circadien (jour/nuit), les insomnies, les déambulations nocturnes, le syndrome crépusculaire s’avèrent extrêmement fatigants, et peuvent entraîner une somnolence diurne excessive.
Les conséquences d’un mauvais sommeil sur la progression de la maladie
Si tout le monde est d’accord pour associer problèmes de sommeil et maladie d’Alzheimer, les chercheurs peinent encore à établir des liens de cause à effet.
Souvent soupçonné, un mauvais sommeil n’est pas identifié par les scientifiques comme un facteur de risque de la maladie.
Cependant, le docteur Géraldine Rauchs, directrice de recherche à l’Inserm, spécialisée en neurosciences, rappelle qu’une nouvelle fonction du sommeil a été découverte récemment : celle d’éliminer les déchets toxiques de notre cerveau. Dont les peptides amyloïdes bêta, des protéines toxiques qui s’accumulent dans le cerveau des malades.
Par ailleurs, la qualité du sommeil influe sur la santé en générale, et celle du cerveau en particulier : bien dormir sera forcément bénéfique, que l’on soit malade ou non.
Que peut-on faire pour améliorer le sommeil d’un patient Alzheimer ?
Créer une routine du coucher apaisante
Pour donner des repères, faire comprendre à une personne désorientée que le temps d’aller se coucher est arrivé, mais aussi apaiser les angoisses du soir, des gestes simples, une routine peuvent aider. Il faudra, si possible, la renouveler à l’identique chaque jour, et toujours à la même heure.
Vous pouvez, par exemple :
- mettre en évidence les vêtements de nuit, en les posant sur le lit,
- fermer les volets et tirer les rideaux,
- allumer la lampe de chevet,
- instaurer une ambiance apaisante, avec une occupation calme, appréciée du malade : boire une tisane, lire un peu, écouter une chanson douce, regarder des photos…
Sans oublier la tendresse : un massage des mains, un câlin, une caresse favorisent la sérénité.
Si besoin, une veilleuse rassurera la personne malade. Et l’aidera à trouver le chemin des toilettes la nuit, si elle se lève. Dans ce but, vous pouvez aussi installer un chemin lumineux, allumer la lumière des toilettes et laisser la porte ouverte…
A noter : le fait de s’exposer à la lumière du jour, de bouger un peu la journée favorisent aussi l’endormissement.
Les traitements possibles : médicaux et alternatifs
Il est aussi possible de s’appuyer sur d’autres approches non médicamenteuses pour faciliter le sommeil. La relaxation, les exercices de respiration (guidés), et pourquoi pas les huiles essentielles, en diffusion ou diluées dans une huile de massage neutre.
Certaines odeurs apaisent, mais attention, les huiles essentielles peuvent avoir des effets secondaires sérieux : mieux vaut donc en parler avec un médecin ou un pharmacien avant de les utiliser. Il faudra également les conserver dans un endroit sécurisé et à l’abri de la lumière.
Certains établissements spécialisés utilisent, eux, l’approche Snoezelen la nuit, avec des résultats prometteurs. Ce concept néerlandais repose sur la stimulation des cinq sens, la mise en éveil des sensations physiques pour apporter détente et plaisir.
A la maison, un espace neutre, éclairé de lumières douces et colorées, avec des objets texturés à toucher, une fontaine électrique ou une colonne à bulle remplira une fonction similaire.
Enfin, si ces mesures ne suffisent pas, un accompagnement médicamenteux peut être envisagé, sous le contrôle d’un médecin.
La mélatonine semble donner de bons résultats, mais seulement aux premiers stades de la maladie.
Restent les somnifères, voire les anxiolytiques pour réduire l’anxiété. A utiliser en dernier recours, aux plus petites doses possibles et pour des durées limitées : certains de ces médicaments peuvent en effet avoir des effets secondaires susceptibles d’aggraver le déclin cognitif.
Quand faut-il consulter un spécialiste du sommeil ?
Toutes les questions liées aux troubles du sommeil peuvent être abordées avec le médecin traitant ou le neurologue, mais il faudra parfois consulter un spécialiste de la question. Notamment si ces troubles ont un retentissement important sur la qualité de vie du malade (et de son aidant), que la personne se réveille systématiquement fatiguée le matin, somnole beaucoup durant la journée…
4 faits à savoir entre Alzheimer et le sommeil
1. Est-ce que les personnes atteintes d'Alzheimer dorment beaucoup ?
A cause des troubles du sommeil, de l’inversion des rythmes jour/nuit, certaines personnes malades dorment en effet beaucoup… la journée.
2. À quel stade de la maladie d’Alzheimer se situe l’insomnie ?
Les troubles du sommeil tels que les insomnies peuvent apparaître dès les premiers stades de la maladie.
3. Comment mieux dormir quand on vit avec une personne malade d’Alzheimer ?
Il est très difficile de partager les nuits d’une personne touchée par la maladie : l’aidant dort mal, peut passer la nuit en hypervigilance, restant en permanence sur le qui-vive… Il faut commencer par essayer d’améliorer le sommeil de son proche. Et si cela ne fonctionne pas, passer le relais de temps en temps, grâce au relayage, à l’accueil de nuit, ou, pourquoi pas, quelques jours d’hébergement temporaire en Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes)…
4. Peut-on ralentir la progression de la maladie en améliorant son sommeil ?
Améliorer son sommeil peut contribuer à ralentir la progression de la maladie en aidant le cerveau à mieux se nettoyer et à fonctionner plus efficacement. Mais cela doit faire partie d’une approche globale de prise en charge, incluant une alimentation saine, une activité physique régulière, de la relaxation, des exercices de stimulation cognitive…
Pour aller plus loin :