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Presbyacousie : faire face à la perte d’audition lorsqu’on vieillit

Crée le : 20/06/2025 · Mis à jour le : 04/09/2025 16:42:47 · Temps de lecture : 4 minutes

La presbyacousie, ou perte d’audition liée à l’âge, est un phénomène courant : 5 à 6 millions de personnes âgées sont concernées en France. Mais pas question de s’y résigner ! Car les appareils auditifs ont fait d’énormes progrès, et parce qu’ignorer le problème peut avoir des conséquences importantes sur la qualité de vie et la santé.

La presbyacousie : une dégradation de l’audition fréquente chez les seniors

La presbyacousie (du grec presbys, « vieil homme » et akousis, « ouïe ») désigne la perte d’audition liée à l’âge, exactement comme la presbytie concernant la vue. Elle est progressive, permanente et touche les deux oreilles.

Une perte d'audition liée au vieillissement

La presbyacousie découle du vieillissement normal de l’oreille (la dégradation de l’audition débute en effet dès l’âge de 18 ans, mais elle s’accentue avec les années). 

Il existe 4 types de presbyacousie : 

  • la presbyacousie sensorielle, causée par la dégradation des cellules ciliées, qui composent l’organe de Corti dans l'oreille interne et ont pour fonction de “capter” et de différencier les sons,
  • la presbyacousie neurale : les cellules nerveuses qui transmettent l’information sonore de l’oreille interne vers le cerveau dégénèrent,
  • la presbyacousie striale (ou métabolique), qui touche la strie vasculaire, la structure qui nourrit et “alimente en énergie” la cochlée (l’oreille interne),
  • la presbyacousie mécanique, ou de transmission cochléaire, caractérisée par une rigidification de la membrane basilaire (qui vibre avec le son), et/ou une perte de souplesse des muscles qui actionnent les osselets (enclume, marteau et étrier), rendant leur transmission plus imprécise.

Certains facteurs peuvent amplifier la presbyacousie, comme : 

  • une exposition répétée à des sons forts, 
  • la prise de certains médicaments (aspirine, certains antibiotiques), 
  • le tabac, une alimentation trop riche, ou des maladies comme le diabète, qui vont engendrer une athérosclérose, et amenuiser le flux sanguin et la vascularisation de l’oreille interne

Des chiffres qui montrent une dégradation progressive

La perte se monte à 0,5 décibel en moyenne par an à partir de 65 ans, puis un décibel par an à partir de 75 ans et deux à partir de 85 ans.

Infographie sur la presbyacousie en France (Information dans la description détaillée)

En France, 5 à 6 millions de personnes seraient concernées. La presbyacousie toucherait 30 % des personnes âgées de 65 ans et plus, 50 % des plus de 75 ans et 75 % des plus de 85 ans.

Perte d’audition : comment réagir ?

Si la presbyacousie est fréquente, il est essentiel de s’en préoccuper, idéalement dès l’apparition des premiers symptômes.

Quels symptômes peuvent vous alerter ?

Généralement, les personnes touchées vont commencer à éprouver des difficultés à suivre les conversations dans un environnement bruyant, et/ou dès lors que plusieurs personnes y participent.

Elles entendent moins bien les sons aigus, les voix de femmes ou d’enfant par exemple, et comprennent mal si leur interlocuteur parle trop vite.

Autre signe révélateur, le besoin d’augmenter le son de la télévision, dans certains cas, des acouphènes (sifflements, bourdonnements, grésillements) et une sensation de vertige peuvent aussi être les symptômes d’une presbyacousie

L’auto-test HHIE-S : pour faire un premier bilan

Vous avez le sentiment de moins bien entendre, et aimeriez en avoir le cœur net ? Le questionnaire Hearing Handicap Inventory for the Elderly Screening (HHIE-S) ne permet pas de remplacer une consultation et un examen chez un ORL, mais constitue un bon premier test.

QuestionOuiParfoisNon
Vous sentez-vous mal à l'aise à cause d'un problème d'audition lorsque vous rencontrez de nouvelles personnes ?   
Vous sentez-vous frustré(e) par un problème d'audition lorsque vous parlez aux membres de votre famille ?   
Avez-vous des difficultés pour entendre quand quelqu'un parle à voix basse ?   
Vous sentez-vous handicapé(e) par un problème d'audition ?   
Est-ce qu'un problème d'audition vous met en difficulté lorsque vous rendez visite à des amis, parents ou voisins ?   
Assistez-vous moins souvent que vous le voudriez à certains évènements (spectacles, concerts, cérémonies religieuses) à cause d'un problème d'audition ?Est-ce qu'un problème d'audition est à l'origine de disputes avec les membres de votre famille ?   
Est-ce qu'un problème d'audition vous met en difficulté pour écouter la télévision ou la radio ?   
Avez-vous l'impression qu'une quelconque difficulté d'audition limite ou gêne votre vie personnelle ou sociale ?   
Est-ce qu'un problème d'audition vous met en difficulté lorsque vous êtes au restaurant avec des parents ou des amis ?   
Votre score : 4 points par réponse “Oui”2 points par réponse “Parfois”0 points par réponse “Non”

Votre score est compris entre 0 et 8 : la probabilité que vous ayez une déficience auditive est très faible (11 %) et la probabilité d'avoir une perte auditive nécessitant un appareillage auditif est de 4 %

Votre score est compris entre 10 et 16 : la probabilité que vous ayez une déficience auditive est élevée (74,5 %) et la probabilité d'avoir une perte auditive nécessitant un appareillage auditif est de 61 %

Votre score est compris entre 18 et 40 : la probabilité que vous ayez une déficience auditive est majeure (94 %) et la probabilité d'avoir une perte auditive nécessitant un appareillage auditif est de 88 %

Bon à savoir :
La Fondation pour l’audition a développé une application mobile de repérage des troubles auditifs, validée scientifiquement et recommandée par le ministère de la Santé. Elle est disponible gratuitement sur le Google Play Store ou sur l’App Store.

L’audiogramme : pour mesurer la perte d’audition

L’Organisation mondiale de la santé recommande un dépistage systématique dès 60 ans. Dès l’apparition d’un de ces symptômes décrits plus haut, ou si l’autodiagnostic vous donne à penser que votre ouïe se dégrade, mieux vaut consulter. Prenez rendez-vous chez votre médecin traitant qui pourra vous orienter vers un spécialiste et prescrire un bilan audiométrique. 

Ce bilan prend généralement la forme d’un audiogramme, un “graphique” représentant pour chaque oreille : 

  • en ordonnées (axe vertical) le volume sonore que vous êtes capable d’entendre (du plus fort -120 Décibels- au plus faible -0 dB),
  • en abscisses, les différentes fréquences, du grave à l’aigü.

Une courbe “classique” d’un audiogramme en cas de presbyacousie va montrer une pente descendante de la gauche vers la droite : on “capte” assez bien les graves, et de moins en moins bien les aigus. 

Comme la presbyacousie est généralement bilatérale, on observera cette dégradation sur les audiogrammes de chaque oreille. Le phénomène peut toutefois être plus prononcé d’un côté que de l’autre.

Pourquoi il faut consulter rapidement

Détecter tôt une perte d’audition permet d’abord de l’accepter. Il faut souvent aux personnes plusieurs années avant de l’admettre et de prendre les mesures qui conviennent, explique la Fondation pour l’audition.

Or, une presbyacousie non compensée peut avoir des conséquences sévères : sur la qualité de vie, l’humeur, l’isolement social… mais aussi la santé cognitive, qui représente la complication la plus préoccupante d’une presbyacousie.

Les chercheurs indiquent en effet que 9% des maladies neurocognitives pourraient être évitées si le patient portait un appareil : la presbyacousie constitue ainsi l’un des 14 facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer.

Comment retrouver une meilleure audition malgré la presbyacousie ?

Comment soigner une presbyacousie ? À l’heure actuelle, c’est essentiellement grâce à des prothèses auditives, toujours plus performantes, qu’on améliore l’audition des personnes âgées. Mais d’autres pistes existent…

Les appareils auditifs : de plus en plus efficaces

Pour mieux entendre, une seule solution : les appareils auditifs, ou audioprothèses. Ils se sont beaucoup améliorés ces dernières années, et les fabricants proposent désormais des modèles à la fois sophistiqués et discrets :

  • les batteries durent plus longtemps,
  • le son s’améliore grâce à des réducteurs de souffle,
  • la connexion Bluetooth facilite les appels téléphoniques, l’écoute des podcasts…
  • certains modèles font même appel à l’intelligence artificielle pour analyser l’environnement (ambiances sonores, bruits parasites…) et adapter les réglages en fonction de chaque situation.

Des aides auditives coûteuses, mais mieux remboursées

Des innovations technologiques qui ont un prix : les appareils les plus chers peuvent coûter plus de 2 000 euros par oreille.

Heureusement, depuis 2021, le dispositif 100 % santé permet de s’équiper sans se ruiner.

Désormais, les audioprothèses sont classées en deux catégories, avec des niveaux de remboursement différents :

Les appareils auditifs de catégorie 1

Ils sont intégralement remboursés par les contrats de complémentaire santé responsables (qui offrent de meilleures garanties en échange du respect par l’assuré du parcours de soins, c’est-à-dire de la consultation systématique de son médecin traitant avant d’aller voir un spécialiste).

Les appareils de catégorie 1 peuvent être externes (contours d’oreille) ou intra-auriculaires, doivent offrir 12 canaux de réglage et au moins 3 fonctionnalités parmi les suivantes :

  • système anti-acouphène,
  • connectivité sans fil,
  • réducteur de bruit du vent,
  • synchronisation binaurale,
  • directivité microphonique adaptative,
  • bande passante élargie supérieure ou égale à 6 000 Hz,
  • apprentissage de sonie,
  • dispositif anti-réverbération.

Les appareils de catégorie 2

Plus onéreux, avec des caractéristiques techniques ou des options supplémentaires, les appareils de catégorie 2 peuvent être pris en charge jusqu’à 1 700 euros, selon les garanties offertes par la complémentaire santé : un point à vérifier avant de choisir.

Bon à savoir :
Pour bénéficier du 100 % santé, les audioprothèses doivent être prescrites par un médecin généraliste spécialisé en otologie médicale ou un ORL. En savoir plus

La rééducation cérébrale : une piste d’avenir pour soigner la presbyacousie ?

Une étude récente (publiée fin 2022 dans le Journal of Neuroscience) ouvre d’autres perspectives au traitement de la presbyacousie. En observant l’activité du cerveau de souris jeunes et âgées lors de l’émission d’un son “caché” dans le bruit ambiant, 3 chercheurs de l’Université du Maryland ont mis en avant le rôle du cerveau dans la perte auditive liée à l’âge : la presbyacousie n’est pas uniquement causée par le vieillissement de l’oreille, mais aussi par un moins bon fonctionnement du cerveau auditif (les zones du cerveau qui analysent et interprètent les sons) qui filtre moins bien le bruit de fond.

Les traitements de la presbyacousie pourraient donc aller au-delà des “simples” appareils auditifs et viser le cerveau, par exemple via :

  • une rééducation auditive pour “réentraîner” le cerveau à mieux ignorer les sons parasites,
  • une stimulation ciblée du cortex auditif (par thérapies sonores ou neuro-stimulation),
  • des médicaments ou thérapies régénératives visant à restaurer les circuits inhibiteurs qui filtrent le bruit.

En clair : demain, la solution à la perte d’audition liée à l’âge ne consisterait plus seulement à “amplifier le son”, mais aussi à améliorer le traitement cérébral des sons. Prometteur, non ?


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