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Approches non-médicamenteuses : zoom sur la Validation

Crée le : 18/07/2025 · Mis à jour le : 18/07/2025 12:22:43 · Temps de lecture : 2 minutes

Approche innovante d’accompagnement des personnes désorientées, la Validation s’appuie sur l’empathie et la reconnaissance des émotions de l’autre. Une méthode que les aidants peuvent aussi s’approprier.

Origine de la méthode de la Validation

C’est l’Américaine Naomi Feil qui en est à l’origine. Née en Allemagne en 1932, elle a émigré aux Etats-Unis avec sa famille et a grandi dans la maison de retraite que dirigeait son père.

Forte d’un diplôme en psychologie, mais aussi de cette expérience du très grand âge et des maladies cognitives, elle développe à partir de 1963 une méthode inédite, qu’elle peaufine des années durant.

Aujourd’hui, des centaines d’établissements aux Etats-Unis comme en France utilisent cette approche.

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Comprendre la Validation

Comme son nom l’indique, la méthode repose sur le concept anglais de « validation », c’est-à-dire la reconnaissance ou l’affirmation que les sentiments ou les opinions d’une personne sont valides, ont une valeur.

C’est une forme de respect : il s’agit de montrer que l’on entend, reconnaît et respecte l’avis de l’autre, même si l’on n’est pas d’accord avec lui.

Il s’agit donc de ne pas dire à la personne désorientée qu’elle se trompe, ou de ne pas essayer de la faire revenir absolument à la réalité, ce qui pourrait être la réaction première face à des paroles ou un comportement incohérents. Sans pour autant lui mentir : pas toujours simple !

C’est pourquoi Naomi Feil s’est appuyée sur des outils existants, comme :

  • la programmation neuro-linguistique (PNL), une discipline qui vise à identifier les liens entre les émotions, les représentations mentales et les processus comportementaux. En s’appuyant sur le langage et les sens, elle permet d’identifier ses attentes et de se fixer des objectifs ;
  • les « tâches thérapeutiques » de l'approche ericksonienne, de petites missions visant à permettre à chacun d’utiliser ses compétences et ses possibilités d’adaptation personnelles ;
  • l’approche centrée sur la personne de Carl Rogers, fondée sur l’instinct d’accomplissement, l'envie de se réaliser de chaque être humain. Elle demande notamment de porter sur autrui un regard positif et respectueux, sans jugement…

Des outils concrets plutôt que théoriques.

 « On ne peut plus analyser les vieillards, c’est trop tard. Ils n’ont pas besoin de revivre des situations douloureuses pour pouvoir les surmonter. C’est vain. Il faut au contraire les accompagner, là où ils sont, sans leur mentir. Il s’agit de les aider à​“ranger leur vie, leurs affaires”… avant de mourir »

Naomi Feil lors d’une conférence en 1994.

Les bénéfices de la Validation

Utiliser la Validation permet tout d’abord d’apaiser la relation : la personne malade et son aidant ne sont plus dans une dynamique d’opposition, au contraire, le lien de confiance se renforce.

Certaines études ont montré que les troubles du comportement des malades diminuaient, et, en conséquence, leur consommation de médicaments psychotropes. D’autres chercheurs démontrent que le personnel formé à la validation ressent plus de satisfaction quant à son travail, et moins de stress. Par ricochet, l’accompagnement des personnes gagne en qualité.

Se former à la Validation

En France, il existe deux organismes de formation agréés, l’Institut de formation M&R et Association pour la promotion de la Validation® auprès des personnes âgées (APVAPA).

Ils proposent différentes formules, de l’initiation en quelques jours à des sessions plus conséquentes. Elles sont néanmoins réservées aux professionnels qui accompagnent les âgés, jusqu’à la certification d’établissements.

Un ouvrage destiné aux particuliers a toutefois été publié en 2010 : La méthode de Naomi Feil à l'usage des familles : La Validation, pour garder le lien avec un proche âgé désorienté.

Disponible aux éditions Lamarre, il est signé par Vicki de Klerk-Rubin, directrice exécutive du Validation Training Institute et master enseignante certifiée de la méthode de Validation.

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Quelques techniques issues de la Validation

Face à une personne incohérente, qui voit des choses qui n’existent pas, et qui est stressée ou agitée, Naomi Feil propose d’utiliser le toucher et la reformulation pour lui montrer qu’on est avec elle, là où elle est, et la faire revenir doucement à la réalité si la personne est en capacité de le faire.

La reformulation

Selon elle, cinq minutes suffisent pour rassurer la personne et l’aider à retrouver son calme.

Pour reformuler, elle conseille de se placer dans un mode interrogatif, en utilisant les pronoms et adverbes interrogatifs : qui, que, quoi, où, quand, comment, pourquoi. Questionner permettra par ailleurs de mieux comprendre le besoin ou l’émotion que la personne cherche à exprimer.

A quelqu’un qui dira « tu es méchant », elle invite ainsi à répondre « tu me dis que je suis méchant ? Qu’est-ce qui te fait dire cela ? De quelle manière (comment) ai-je été méchant avec toi ? », etc.

Des questions simples qui ne devraient pas mettre en difficulté la personne, mais à utiliser avec parcimonie, sous peine que la conversation ne vire à l’interrogatoire. Aussi, Naomi Feil recommande de ne pas utiliser plus de trois questions, et de poursuivre l’échange en s’appuyant sur d’autres techniques.

La réminiscence

Comme la réminiscence : il s’agit de faire appel aux souvenirs anciens, de se recentrer sur un passé rassurant.

Par exemple, si une personne malade dit « je veux mourir », l’aidant peut commencer par lui demander : « tu veux dire que tu ne veux plus vivre ? Pourquoi, qu’est-ce qui est difficile à vivre ? ». Dans cet exemple, la personne malade va expliquer qu’elle ne peut plus sortir, qu’elle éprouve des difficultés à se déplacer. Alors l’aidant pourra évoquer la vie de la personne, ses balades préférées…

Faire appel aux sens

Autre possibilité, s’appuyer sur les sens, ce qui nécessite de déterminer au préalable si la personne malade est plutôt réceptive aux images ou aux sons. On orientera, selon la réponse, l’échange vers ce que la personne voit ou ce qu’elle entend.

Enfin, il est aussi conseillé de calquer sa posture sur celle de la personne, de s’assoir si elle est assise par exemple. Toujours dans l’idée d’être avec elle « là où elle est », de « valider » ce qu’elle ressent et/ou exprime.


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