

Pas plus dangereuses, mais plus vulnérables : les personnes âgées doivent envisager la route autrement. Voici ce qu’il faut savoir pour être alerté si la conduite devient trop risquée, et trouver des solutions pour rester mobile et autonome le plus longtemps possible.
En France, 64% des 65 ans et plus possèdent une voiture. Pour faire leurs courses, aller voir leurs proches, et tout simplement pour profiter de la retraite pour voyager et voir du pays, la voiture reste indispensable dans bien des cas. Conduire, c’est l’autonomie, la liberté, l’indépendance…
Mais c’est aussi savoir anticiper, être attentif, ne pas préjuger de ses forces et de sa santé. Jusqu’à quel moment peut-on raisonnablement conduire ? Quels sont les facteurs de risque à surveiller pour les seniors ? Et comment rester mobile et autonome à 65, 75, 85 ans… ? Nos réponses.
Comment faciliter les sorties de mon proche âgé ?
Commençons par le commencement : y a-t-il un “problème senior” sur les routes ? À intervalles réguliers, l’actualité nous amène à penser que c’est le cas. Et donc que “vieillir ou conduire, il faut choisir”. Sauf que c’est loin d’être aussi simple.
Chaque année, l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) publie le bilan de la mortalité routière. Et chaque année, son constat est identique : les seniors sont les plus sûrs des conducteurs. En 2017, les accidents de la route mortels ont été causés :
C’est donc bien les conducteurs plus jeunes qui causent le plus d’accidents fatals. L’explication ? Les seniors sont des conducteurs plus expérimentés… et rendus aussi plus prudents par la conscience de leurs propres limites.
Le bilan de l’ONISR se lit toutefois bien différemment lorsqu’on s’intéresse, non plus aux responsables, mais aux victimes d’accidents de la circulation. Dans ce triste palmarès ce sont à la fois les plus jeunes et les plus âgés qui sont les plus touchés :
Moins dangereuses au volant, mais plus vulnérables en cas d’accidents mortels, les personnes âgées représentent plus du quart de la mortalité routière. Et elles courent aussi beaucoup plus de risques que les autres en cas d’accident non mortel : fractures, foulures et autres suites d’un accident automobile ont des conséquences bien plus lourdes avec l’âge.
C’est un fait : la vue baisse avec l’âge, et les seniors sont plus exposés aux maladies oculaires. Ce handicap est encore plus préoccupant lorsqu’il s’agit de conduire :
Bon à savoir
Le code de la route exige au moins 5 dixièmes pour les deux yeux ensemble (si un œil a moins de 1 dixième, le deuxième œil doit avoir au moins 6 dixièmes) et un champ visuel horizontal des deux yeux d’au moins 120°.
Plus on vieillit, moins l’ouïe est bonne. Le phénomène, inéluctable, a un nom : la presbyacousie. Et il débute à partir de 50 ans. À 65 ans, 30% des seniors ont des problèmes d’audition : au volant, on entend donc moins bien les klaxons, le bruit du moteur d’un deux-roues… et l’on distingue moins bien d’où ils proviennent. On multiplie donc, même si l’on est attentif, le risque d’accident.
Personnes âgées : comment limiter les déficits sensoriels ?
Douleurs, raideurs, arthrose… peuvent créer des difficultés pour conserver sa trajectoire, éviter un obstacle inattendu, et plus globalement pour avoir la souplesse nécessaire pour effectuer une manoeuvre, passer un croisement sans risque…
Répartis en 3 niveaux de dangerosité, certains médicaments sont incompatibles (ou problématiques) avec la conduite automobile. Il s’agit entre autres des somnifères, antidépresseurs, et tranquillisants, mais aussi de certains médicaments pour le cœur, contre la toux, les rhumes, les rhumatismes.
Si vous (ou votre proche âgé) êtes sous traitement, identifiez sur la boîte du médicament l’un de ces 3 pictogrammes.
Bon à savoir
Vous craignez que votre état de santé pose problème pour conduire ? Ou estimez nécessaire de faire le point sur votre vue, votre audition, votre motricité ? Les bilans de prévention des bénéficiaires d’une retraite complémentaire Agirc-Arrco sont accessibles dès 50 ans. Ils s'adressent aux personnes retraitées et aux actifs, ainsi qu'à leur conjoint ou leur aidant proche. Faire un bilan.
Que faire lorsqu’il y a un doute sur votre capacité (ou celle d’un proche) à conduire ? Pour préserver sa sécurité et celle des autres, quelques signes peuvent déjà alerter :
Lors d’un trajet aux côtés d’une personne âgée, vous pouvez également effectuer quelques vérifications d’usage :
Vous pensez qu’il est devenu dangereux que votre proche prenne le volant ? Il peut s’avérer délicat de le priver de sa voiture de but en blanc. Se sentir “incapable” n’est pas idéal pour l’estime de soi. Et pouvoir continuer à se déplacer à son gré est un ingrédient essentiel d’une bonne autonomie.
Deux options, donc, pour en avoir le cœur net et ne pas prendre de décision hâtive :
C’est désormais sûr : la conduite pour vous ou votre proche, c’est périlleux, voire impossible ? Voici comment rester malgré tout autonome aussi longtemps que possible.
Si la conduite reste possible sous conditions, il va s’agir de changer ses habitudes pour minimiser les risques :
Si c’est possible, faire l’acquisition d’une voiture mieux adaptée à l’âge du conducteur peut beaucoup aider. Un “bon” véhicule offre notamment :
Une voiture adaptée au senior, c’est autant de petites sécurités en plus pour conduire plus longtemps.
Si enfin il faut se résoudre à lâcher définitivement le volant, il reste heureusement bien des solutions pour ne pas renoncer à se déplacer ! Transports en commun, taxis et VTC sont les plus évidentes, mais il en existe d’autres.
Pour les personnes qui relèvent de ses caisses de retraite complémentaire, et sont âgées de plus de 75 ans, l’Agirc-Arrco a ainsi mis en place Sortir Plus : accompagné de la porte de chez lui à sa destination (et retour), votre proche âgé conserve la possibilité d’aller faire ses courses, de se rendre à ses rendez-vous, de rendre visite… en toute autonomie.