Avant ou après 60 ans, la perte d’autonomie sera traitée à travers deux “filières” différentes : celle du handicap, et celle de la dépendance liée à l’âge. Avec des aides, des interlocuteurs, des conditions d’accès… inégales. Comment s’y retrouver ?
”Dépendance” et “handicap” : quelles différences ?
Tout notre système de prise en charge de la perte d’autonomie est structuré autour d’un âge charnière (et arbitraire) : 60 ans.
- Votre état s’est dégradé, entraînant une perte d’autonomie, avant 60 ans (ou c’est le cas pour un de vos proches) ? Alors vous aurez (ou votre proche aura) droit aux aides et accompagnements prévus pour les personnes en situation de handicap ;
- C’est après 60 ans que la perte d’autonomie s’est déclarée ? Même si c’est la conséquence d’un handicap, ce sont vers les interlocuteurs “dépendance” qu’il faut se tourner pour obtenir les aides associées.
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Aidants, aidés :
Le mode d'emploi des aides
La perte d’autonomie liée au handicap
Si une personne a eu des problèmes de santé lui laissant des séquelles avant 60 ans, on parle de personne “en situation de handicap” :
- handicaps de naissance (mental, physique…),
- maladies ou accidents survenus plus tard au cours de leur vie, par exemple une maladie de la vue ou une paralysie due à un accident de voiture ou à un accident vasculaire cérébral.
Le handicap est alors perçu comme un accident de la vie. Si cette personne était déjà considérée comme “handicapée”, elle continuera, en vieillissant, à bénéficier de services et droits spécifiques, et ce même après 60 ans.
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La perte d’autonomie liée à l’âge
L’état de santé de votre proche s’est dégradé après ses 60 ans : il a maintenant des incapacités qui le contraignent au quotidien. Il entre dans la catégorie des personnes dites “dépendantes”. Ces difficultés sont perçues comme étant dues au vieillissement.
Âge versus handicap : de grandes différences d’accès aux services et prestations
Dépendance ou handicap : la prise en charge de la perte d’autonomie se structure dans les deux cas selon le même schéma :
- des organismes qui informent, orientent, et examinent les dossiers de demande d’aide,
- des aides dédiées spécifiquement au financement de solutions pour maintenir ou améliorer l’autonomie de la personne concernée (travaux d’adaptation du domicile, rémunération d’un(e) auxiliaire de vie, etc.),
- des aides qui complètent les revenus de la personne lorsqu’ils sont insuffisants (activité professionnelle inexistante ou insuffisante, petite pension de retraite…).
Mais les dispositifs et les interlocuteurs diffèrent à chaque fois !
Cause première de la perte d’autonomie | Handicap | Âge |
Principaux interlocuteurs à solliciter | MDPH (Maisons départementales des personnes handicapées) | CLIC (Centre Local d’Information et de Coordination) CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) |
Aide visant à financer des services à la perte d’autonomie | PCH (Prestation de Compensation du Handicap) | APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) |
Aide de complément de revenu | AAH (Allocation aux Adultes Handicapés) | ASPA (Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées) |
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Des aides sociales “annexes” plus favorables aux personnes en situation de handicap
Si votre proche a connu des incapacités importantes avant l’âge de 60 ans, vous avez tout intérêt à faire reconnaître son statut de personne en situation de handicap auprès de la MDPH située à proximité de son domicile.
En effet, les conditions réservées aux personnes handicapées sont généralement plus favorables que celles destinées aux personnes âgées. Pas sur les aides principales : pour un même niveau de dépendance, mesuré grâce au GIR, les montants de l’APA et de la PCH sont similaires. Mais (et c’est la Cour des Comptes qui le constate) l’aide sociale aux personnes handicapées est “plus favorable que celle au profit des personnes âgées”.
Démonstration avec la différence de traitement constatée par la Cour des Comptes pour les bénéficiaires de l’aide sociale à l’hébergement : pour la personne aidée comme pour ses aidants, les conditions sont bien plus favorables lorsqu’on est en situation de handicap :
Aide sociale à l’hébergement pour une personne handicapée | Aide sociale à l’hébergement pour personnes âgées | |
Somme minimale laissée à disposition | 30 % de l’AAH (soit 291,4 € en 2023) ou 10 % des ressources | 98 € ou 10 % des ressources |
Obligation alimentaire | Pas de mise à contribution des obligés alimentaires | Mise à contribution des obligés alimentaires |
Récupération sur succession | Aucune pour les parents, conjoints, enfants et personnes ayant assumé la charge effective et constante de leur proche | Récupération sur l’ensemble des bénéficiaires de la succession |
Source : Cour des Comptes, 2023