Habiter à plusieurs, en préservant son intimité : l’habitat partagé, une version moins encadrée de l’habitat inclusif, est une bonne réponse aux besoins des personnes âgées ou en situation de handicap encore autonomes mais qui craignent la solitude.
Qu’est-ce qu’un habitat partagé ?
Tout est dans le nom : un habitat “partagé”, c’est un logement (ou ensemble de logements) qui comprend :
- un certain nombre d’espaces de vie et d’équipement mis en commun (une salle de réception et d’activités, la cuisine collective…),
- des espaces “à soi”, privés (de la simple chambre à l’étage d’une maison, en passant par le studio + salle de bains).
On parle aussi d’habitat groupé, regroupé, ou encore de cohabitat pour désigner ces nouvelles façons d’habiter, encore émergentes en France.
Habitat partagé, participatif, inclusif, colocation… quelles différences ?
Sous toutes ces appellations, on trouve une forme d’habitat partagé particulière.
La colocation est une forme d’habitat partagé, en moins “cadrée” : le cas le plus fréquent (mais pas le seul), est celui d’étudiants et de jeunes adultes qui occupent un logement unique, pas forcément prévu à cet effet, pour un temps relativement court. Le temps qu’ils aient les moyens d’avoir leur propre “chez eux”, par exemple. L’habitat partagé est plutôt conçu pour durer, et les espaces de vie commune en constituent le cœur.
À l’autre bout du spectre de ces “autres habitats”, l’habitat inclusif et l’habitat participatif sont des habitats partagés, mais strictement encadrés et définis par la loi :
- la loi ELAN de 2018 pour l’habitat inclusif,
- la loi ALUR de 2014 pour l’habitat participatif.
Dans les deux cas, on est le plus souvent dans le cadre de la construction ou de la réhabilitation de bâtiments destinés à accueillir une communauté d’habitants liés par un projet de vie écrit ensemble.
Pour aller plus loin : Les habitats alternatifs pour les personnes âgées : tout comprendre
Un mode de vie collectif et solidaire
En résumé, l’habitat partagé constitue une façon de recréer du lien social et de la solidarité : on ne partage pas simplement un ou des espaces collectifs, on y organise des activités et des moments d’échange, on s’accorde sur des règles de vie en commun, on facilite le fait de veiller les uns sur les autres tout en préservant sa part d’intimité.
Même s’il ne leur est pas réservé, l’habitat partagé est donc particulièrement adapté aux personnes fragiles, qui souffrent de l’isolement : personnes âgées, en situation de handicap, en difficultés sociales…
À lire aussi : Le béguinage : un “village en ville” pour seniors
Les différentes formes d’habitat partagé
L’habitat partagé intergénérationnel
Des seniors, des familles, des étudiant(e)s… Dans un habitat partagé, le projet est de faire tomber les barrières entre les âges. Avantages : chaque “génération” apporte sa pierre à l’édifice, par le biais de services réciproques.
Pour aller plus loin : Principes, exemples, avantages : tout savoir sur l’habitat intergénérationnel
L’habitat partagé pour seniors
Uniquement des personnes âgées en colocation, avec, pourquoi pas, un recours en commun à des services à domicile : l’avantage de cette formule, c’est qu’elle rassemble des personnes qui ont a priori les mêmes rythmes de vie, les mêmes besoins d’accompagnement, voire des centres d’intérêt proches.
Pour en savoir plus : Colocation seniors : vivre chez soi à plusieurs
L’habitat partagé pour personnes en situation de handicap
Même raisonnement que pour les habitats réservés aux personnes âgées : en accueillant des personnes qui ont les mêmes besoins, parce qu’elles expérimentent les mêmes difficultés au quotidien, on leur apporte efficacement :
- une réponse à l’isolement,
- l’accès à des services et des soins à domicile indispensables à moindre coût.
L’habitat partagé : quels avantages (et quelles limites) ?
Une réponse à l’isolement
C’est un sujet particulièrement aigu, notamment chez nos aînés : de plus en plus de personnes âgées sont seules, voire en situation de “mort sociale”. Départ à la retraite, décès du conjoint, enfants et familles qui vivent loin… Les causes sont diverses, le résultat est le même : de nombreux seniors ne supportent plus l’isolement entre leurs 4 murs.
L’habitat partagé offre une vraie réponse à cette problématique, avec :
- des pièces de vie partagées où l’on se retrouve, discute, réalise des activités ensemble,
- une implication collective dans la gestion et la vie des lieux, qui permet de se sentir utile.
Une mise en commun des ressources
Un habitat collectif, déjà, ce sont mathématiquement des frais d’entretien du logement qui baissent : énergie, eau, travaux…
Pour des personnes âgées ou en situation de handicap, c’est aussi un excellent moyen de mutualiser, et donc d’alléger, des frais qui pèsent lourd dans leur budget :
- les services à domicile (auxiliaire de vie, ménage, repas…)
- les visites de soignants.
Un mode de vie qui ne convient pas à tout le monde ?
L’habitat partagé peut rebuter les personnes attachées à leur liberté individuelle. Comme dans toute forme d’habitat alternatif collectif, y vivre demande de faire des compromis :
- dans l’organisation de ses journées,
- dans les choix d’aménagement des lieux,
- dans celui des services et activités communes.
Des formes d’habitat collectif plus “libres”, comme les villages seniors, sont alors préférables.
De même, l’habitat partagé ne conviendra pas aux personnes dont l’autonomie est trop dégradée : même en recourant à des services de soins à domicile, même avec des aménagements bien conçus, un habitat partagé ne se substitue pas à un établissement médicalisé (Ehpad pour les personnes âgées, Mas pour celles en situation de handicap).
Où trouver un habitat partagé ?
L’annuaire des habitats alternatifs d’Essentiel Autonomie
Outre un annuaire des maisons de retraite (Ehpad, Résidences autonomie et Résidences services), Essentiel Autonomie recense, par ville et département, les habitats alternatifs.
En plus de cette recherche “géographique”, vous pouvez affiner avec des critères sur les services (animaux acceptés ou non, services proposés sur place) et l’environnement (proximité des transports en commun, parking, etc.)
Trouver un lieu de vie sur notre annuaire
Monter (ou rejoindre) un projet
L’habitat partagé est un concept encore jeune. Il se développe, mais les logements sont donc encore peu nombreux, et le meilleur moyen de trouver une place reste encore de rejoindre un projet en cours de constitution.
S’il n’existe pas de plateforme recensant les projets d’habitat partagé au sens large, deux sites vont vous permettre d’identifier des habitats participatifs qui recherchent encore des habitants :
Les organismes locaux compétents sur les questions de logement pour les personnes âgées, comme les CCAS ou les Clic, représentent aussi une bonne source de renseignements pour identifier des projets près de chez vous.
